Adapter la sophrologie pour une personne aphantasique

La sophrologie s’appuie traditionnellement sur l’imagerie mentale afin de favoriser relaxation, prise de conscience et développement personnel. Cependant, lorsque la capacité de visualisation est réduite ou absente comme c’est le cas pour les personnes concernées par l’aphantasie, il convient de repenser l’approche pour permettre à chacun de bénéficier pleinement de cette discipline. Cet article propose quelques pistes d’adaptation des techniques sophrologiques en tenant compte de cette particularité.
Qu’est-ce que l’aphantasie ?
L’aphantasie est un phénomène neurologique caractérisé par l’incapacité, ou la difficulté marquée, à générer des images mentales volontairement. Autrement dit, les personnes concernées ne peuvent pas « voir » des représentations visuelles dans leur esprit lorsqu’elles tentent de s’en représenter. Il est toutefois important de noter que, même si ces représentations ne se manifestent pas consciemment, les informations qu’elles renferment sont intégrées sous d’autres formes, telles que des sensations ou des impressions émotionnelles. Selon certaines études, environ 2 à 3 % de la population serait concernée par ce phénomène, ce qui souligne l’importance d’adapter les approches thérapeutiques classiques à cette réalité sensorielle.
Une approche sensorielle renforcée
Mise en avant des sensations corporelles
En l’absence d’images mentales, l’attention peut se porter sur le corps et ses ressentis. La pratique de la relaxation peut ainsi se centrer sur la perception des sensations physiques telles que la respiration, la détente musculaire ou encore le rythme cardiaque. Des exercices comme la relaxation progressive de Jacobson ou le scan corporel, qui invitent à explorer minutieusement les sensations corporelles, permettent de créer une connexion directe avec le vécu du moment.
Utilisation d’autres modalités sensorielles
L’expérience sophrologique peut être enrichie par l’activation d’autres sens. Par exemple, l’intégration de stimuli auditifs (musique douce, sons de la nature) ou la sollicitation des sens olfactifs et tactiles à l’aide d’objets ou de textures variées favorise une immersion sensorielle. Ces modalités alternatives offrent des repères permettant de créer un état de détente et de conscience sans recourir à la visualisation.
Vers une pratique verbalement guidée
Accent sur la verbalisation et la métaphore
L’absence de représentations visuelles ne doit pas constituer un obstacle à l’efficacité des séances. Au contraire, le recours à des descriptions verbales détaillées et l’emploi de métaphores adaptées peut aider le patient à mobiliser ses ressources intérieures. Le récit guidé permet de stimuler l’imagination de manière différente, en sollicitant l’émotion et la mémoire sensorielle, tout en offrant une alternative aux images mentales classiques.
La personnalisation au cœur de la démarche
Adaptation sur mesure des séances
Il est primordial d’adapter les techniques à la sensibilité propre de chaque individu. Une évaluation préalable permettra d’identifier les canaux sensoriels les plus efficaces pour la personne concernée par l’aphantasie. Cette approche personnalisée, qui privilégie le ressenti direct et l’expérience vécue, assure une meilleure adéquation entre les attentes du sophronisant et les techniques employées.
Renforcement de l’écoute et de la présence
Enfin, l’intégration d’exercices d’attention consciente et de pleine conscience contribue à renforcer la présence dans l’instant. En se focalisant sur l’écoute intérieure et la perception immédiate, la personne peut développer une meilleure connexion avec son corps et son environnement, même en l’absence de représentations visuelles. Ce travail sur l’attention et l’éveil sensoriel constitue un levier puissant dans l’amélioration de la qualité de vie.
Conclusion
Adapter la sophrologie pour une personne présentant une absence ou une difficulté de visualisation nécessite d’ajuster les protocoles classiques pour mettre en avant les sensations corporelles et les expériences sensorielles. En intégrant le fait que, même si les représentations visuelles ne se manifestent pas consciemment, les informations qu’elles renferment sont perçues autrement, et en privilégiant l’écoute, la verbalisation ainsi qu’une approche individualisée, il est possible de créer un cadre d’accompagnement permettant à chacun de bénéficier pleinement des apports de la sophrologie. Cette démarche, au cœur de la pratique sophrologique, montre à quel point celle-ci est accessible et enrichissante pour tous.