Le striatum : une clé pour comprendre nos comportements et les apprivoiser en sophrologie

illustration représentant le cerveau d'un homme avec son néocortex et son striatum

En sophrologie, la connaissance des mécanismes cérébraux enrichit notre pratique en nous permettant de comprendre les racines biologiques de nos émotions, comportements et résistances au changement. Le striatum, une structure essentielle du cerveau, joue un rôle déterminant dans la gestion des plaisirs, des motivations et des apprentissages. En explorant son fonctionnement, nous découvrons des leviers intéressants pour développer des techniques sophrologiques ciblées. Cet article propose un voyage scientifique et pratique autour du striatum et de son rôle en sophrologie.

Le striatum : un chef d'orchestre de la motivation

Le striatum, situé dans les noyaux gris centraux du cerveau, est une structure impliquée dans la gestion des récompenses, l’apprentissage et la planification des comportements. Il agit en collaboration étroite avec d’autres régions cérébrales, comme le cortex préfrontal, responsable de la régulation et de la prise de décision.

L’activation du striatum est souvent associée à la libération de dopamine, un neurotransmetteur crucial pour renforcer les connexions neuronales impliquées dans un comportement ou un apprentissage. Ce phénomène, connu sous le nom d’ apprentissage par renforcement , explique pourquoi certaines actions, comme manger un aliment apprécié ou réussir un défi, nous incitent à les reproduire.

Cependant, ce mécanisme a une limite importante : l’ habituation hédonique . Lorsque nous répétons une action agréable, le plaisir initial diminue, forçant l’organisme à rechercher des stimuli plus intenses ou variés pour relancer la production de dopamine. Ce processus, utile pour l’évolution, peut devenir problématique lorsqu’il entraîne une quête incessante de satisfaction, générant un stress et une insatisfaction chronique.

Sophrologie et striatum : une alliance pour reprendre le contrôle

La sophrologie, par sa capacité à travailler sur la conscience de soi et la régulation émotionnelle, offre des outils puissants pour contrer les effets négatifs de l’hyperactivité du striatum. Les techniques sophrologiques permettent de ralentir, de réguler les comportements compulsifs et de réactiver le plaisir dans des expériences simples et authentiques.

1. Le rôle de la respiration et de la pleine conscience

Les exercices de respiration consciente, comme la sophronisation de base , diminuent l’hyperactivation du striatum en mobilisant le système parasympathique. Ce dernier, responsable de l’apaisement et de la relaxation, diminue les niveaux de stress et atténue l’impact des sollicitations extérieures.

2. L'ancrage des sensations positives

Des techniques comme la sophro-présence du positif (SPP) renforcent les circuits neuronaux liés aux émotions agréables. En favorisant une somatisation consciente du plaisir, la sophrologie stimule le cortex préfrontal, qui rééquilibre l’influence du striatum.

3.L’apprentissage du ralentissement

En accueillant les rythmes naturels du corps, les exercices permettent d’atténuer l’impact de l’habituation hédonique. Savourer un moment simple devient alors un véritable outil de régulation.

4. La gestion des émotions désagréables

Lorsque des tensions ou des émotions négatives persistent, des techniques comme le sophro-déplacement du négatif (SDN) permettent de dissocier ces ressentis du corps et de retrouver un état de neutralité émotionnelle. Cette approche limite la suractivation du striatum liée aux pensées ou schémas répétitifs.

Les bases neurobiologiques : pourquoi cela fonctionne-t-il ?

La sophrologie agit directement sur plusieurs circuits cérébraux :

Le circuit de la récompense (striatum et dopamine) :

La pratique sophrologique, en valorisant des expériences simples et positives, réduit le besoin de rechercher constamment des stimulations intenses. Cette action favorise une production modérée mais durable de dopamine.

Le cortex préfrontal :

En cultivant la conscience et le recentrage, la sophrologie active le cortex préfrontal, responsable de la régulation des émotions et de la prise de décision rationnelle. Cela diminue les réponses automatiques générées par le striatum.

La plasticité cérébrale :

Des études montrent que des pratiques régulières, comme la méditation ou les techniques de relaxation dynamique, renforcent les connexions neuronales entre le cortex préfrontal et le striatum, améliorant ainsi la gestion des impulsions.

H. Terra et al., « Prefrontal Cortical Projection Neurons Targeting Dorsomedial Striatum Control Behavioral Inhibition », Current Biology, 30/21, 2020, doi : 10.1016/j.cub.2020.08.031

Lukas Lenhart, Ruth Steiger, Michaela Waibel, Stephanie Mangesius, Astrid E. Grams, Nicolas Singewald, Elke R. Gizewski,Cortical reorganization processes in meditation naïve participants induced by 7 weeks focused attention meditation training, Behavioural Brain Research,Volume 395,2020,112828,ISSN 0166-4328, https://doi.org/10.1016/j.bbr.2020.112828

Une transition intérieure : apprivoiser le striatum pour retrouver l'équilibre

La connaissance des mécanismes du striatum nous invite à repenser nos comportements, non comme des automatismes incontrôlables, mais comme des processus influençables. En sophrologie, nous pouvons guider les sophronisants vers un rapport plus apaisé vis-à-vis de leurs besoins et de leurs désirs, en cultivant des comportements conscients et alignés sur leurs valeurs.

Les pratiques sophrologiques deviennent alors un véritable moyen de régulation cérébrale, permettant dese libérer des cycles d’insatisfaction chronique pour renouer avec un état de bien-être durable. En travaillant avec des techniques comme le SDN ou la SPP, nous pouvons accompagner nos sophronisants vers une meilleure maîtrise d’eux-mêmes, tout en respectant les rythmes naturels de leur cerveau.